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Les cahiers des Talents de l’Outre-Mer

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Sandrine Berté, ingénieur chez Dassault Aviation

A 24 ans, la Martiniquaise Sandrine Berté est titulaire d’un diplôme d’ingénieur en mathématiques appliquées et modélisation obtenu à l’Ecole Polytech Nice de Sofia Antipolis, et d’un Master 2 en mécanique des matériaux et modélisation physique, passé à l’Ecole des Mines de Paris. Après un stage de six mois au sein de l’entreprise Thalès Systèmes aéroportés, elle vient d’être recrutée comme ingénieur dans le groupe Dassault Aviation.

Votre choix professionnel actuel correspondait à une vocation ?

Absolument pas car au départ je voulais devenir professeur de Mathématique. Par la suite, j’ai découvert le métier d’ingénieur et ce sont les stages que j’ai effectués dans le cadre de mon cursus qui m’ont poussée à choisir ce domaine d’activité et ce métier.

Racontez-nous vos années d’études, votre parcours professionnel ?

Après avoir réussi mon bac scientifique option mathématique au Lycée Montgérald du Marin, j’ai fait 2 ans de classes préparatoires aux grandes écoles à Bellevue en Martinique. Après ces 2 ans de prépa, j’ai passé le concours E3A puis j’ai intégré l’école d’ingénieur Polytech’Nice Sophia-Antipolis dans la filière « Mathématiques Appliquées et Modélisation » pour une durée de 3 ans. En dernière année, j’ai choisi de prendre l’option Ingénierie Numérique et fait un stage à Thalès Système Aéroportés. Ce dernier m’a fait découvrir le monde de l’aéronautique et m’a poussée à orienter mes recherches d’emploi dans ce sens. Ainsi, depuis fin 2011, je travaille à Dassault-Aviation en tant qu’ingénieur concepteur méthodes et outils.

Recevoir le prix talent de l’Outre-Mer a-t-il eu un effet bénéfique sur ce parcours ?

Ayant déjà trouvé un travail avant de recevoir le prix de l’Outre-Mer, je n’ai pas pu mettre cela en avant au cours des divers entretiens que j’ai passés lors de ma recherche d’emploi. Cependant, ce prix est une satisfaction personnelle, car c’est en quelque sorte une certaine reconnaissance du travail fourni pendant toutes ces années. C’est aussi un moyen de montrer que les ultramarins ont du potentiel, et je suis ravie de faire partie des talents d’outre-mer.

Quitter votre terre natale a-t-il été vécu comme un sacrifice, un déracinement, une nécessité ? Que vous manque-t-il le plus de votre département d’origine ?

En ce qui me concerne, j’avais envie de partir pour découvrir autre chose, et je ne regrette en rien d’être partie car c’était une nécessité. En effet, l’école d’ingénieur que je voulais faire était basée à Nice et j’avais le choix de rester en Martinique faire une formation qui ne me plairait pas ou partir dans l’hexagone pour poursuivre les études que je voulais faire. Je dois dire que le choix était vite fait. Il ne faut pas être freiné par la distance.

Cela dit, bien que je ne regrette en rien mon départ, cela ne signifie pas que rien ne me manque en Martinique : ma famille, le cadre, l’ambiance, la température... Partir était une nécessité, mais je garde en tête malgré tout qu’un jour, je reviendrai chez moi pour servir mon île en mettant à disposition tout le savoir et toute l’expérience que j’aurai acquis dans l’hexagone.

Quelle est votre perception de la situation socio-économique en Outre-Mer ?

Concernant la situation socio-économique en Outre-Mer j’ai bien l’impression que le chômage est un très gros fléau et que beaucoup d’entreprises ont du mal à joindre les deux bouts. Je pense que beaucoup de domiens craignent le retour au pays natal à cause de la conjoncture actuelle et du fait qu’il n’y a pas beaucoup de débouchés. Cependant je reste convaincue qu’un retour « des cerveaux » au pays natal ne fera qu’améliorer la situation.

Votre ressenti par rapport à l’insertion et à la représentativité des domiens au niveau local, national ou international ?

Bien que nous soyons français, je trouve que l’insertion au niveau national n’est pas si facile que ça de par notre grande différence de culture, de mentalité... Parfois, on a l’impression que pour s’insérer il faut faire comme les autres. Mais au contraire, il ne fait pas avoir honte de ce que l’on est, de ce que l’on aime. C’est cette diversité qui nous fait avancer. Concernant la représentativité des domiens, il reste encore des choses à faire sur ce plan, mais nous sommes sur la bonne voie. Les mentalités évoluent, de plus en plus de domiens partent dans l’hexagone ou à l’étranger et se font connaître.

Comment vivez-vous votre lien avec la France, la mère patrie ?

À l’échelle mondiale, je suis française, et à l’échelle de la France, je suis et je resterai martiniquaise.

Quel est votre regard sur le pays dans lequel vous vivez actuellement ?

Cela fait maintenant un peu plus de 4 ans que je vis en métropole et je ne regrette pas d’être venue. Pour moi la France hexagonale c’est comme un territoire d’accueil qui m’offre beaucoup d’opportunités et de diversité.

Que pensez-vous du rôle du C.A.S.O.D.O.M*, le comité parisien à l’origine de la création du prix jeune talent et talent confirmé de l’Outre-Mer et de l’impulsion de notre Réseau ?

Nous, talent d’outre-mer, nous devons montrer à la nouvelle génération que les domiens ont du potentiel et pas seulement dans le sport ou la littérature. Il faut se donner les moyens pour réaliser ses rêves. Beaucoup d’entre nous sommes dans de grandes entreprises, ou ont eu un cursus remarquable. Grâce au C.A.S.O.D.O.M, une partie de ces domiens est médiatisée et reconnue. Je suis fière de faire partie des jeunes talents de l’outre-mer, mais je porte ce prix au nom de tous ceux et celles qui ont eu un parcours d’excellence.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes domiens afin de les motiver à suivre le chemin des Talents de l’Outre-Mer, notamment aux jeunes qui sont en proie à des difficultés dans nos îles ?

Un conseil que je donne aux domiens c’est d’avoir un projet bien défini et réaliste avant toute chose. Une fois que cela est établi, il ne faut pas avoir peur de partir si besoin est. Je ne dis pas que c’est facile parce franchement c’est très dur de vivre loin de son pays d’origine, de sa famille etc. Mais l’expérience, l’ouverture d’esprit qu’on acquiert est non négligeable. Moi je suis partie pour mieux revenir.

Comment envisagez-vous d’apporter votre contribution à la cause de la mise en valeur de la compétence ultramarine, au Réseau des talents de l’Outre-Mer ?

Ma contribution, je l’apporterai en étant disponible pour développer les réseaux au maximum. Je serai également disponible pour partager mon expérience avec les nouveaux pour qu’ils aient une idée plus précise de ce qu’est le métier d’ingénieur par exemple.Leur expliquer ce que ça implique de quitter son île, les démarches à suivre en arrivant, comment surmonter les coups de blues etc.

Pourriez-vous mettre à terme vos compétences au profit de votre île natale afin d’enrayer le phénomène de fuite des cerveaux ? En somme un "retour au pays natal" ?

En ce qui me concerne, j’aimerais à terme retourner dans mon pays natal. Mon but est de me former, d’acquérir le maximum de compétences et de connaissances pour revenir en Martinique et apporter ce que j’aurai appris.

Quels sont vos projets ?

À court terme, mon objectif premier est de faire mes preuves à mon premier poste, de devenir complètement indépendante, et d’acquérir le maximum de connaissances techniques dans le monde de l’aéronautique. Par la suite je m’orienterai vers un poste un peu moins technique afin d’avoir des compétences plus générales qui me permettront de revenir au pays natal.

Quels sont vos passions, vos loisirs ?

J’aime le cinéma, la danse et j’ai commencé récemment le vélo

Quel geste faites-vous au quotidien afin de préserver l’environnement, de réduire votre bilan carbone ?

Je n’aime pas le gaspillage de toutes sortes. Et donc, pour l’environnement, je fais attention à ne pas faire de gaspillage d’énergie.

Un film, un reportage à recommander ?

Intouchables

Votre nourriture favorite ?

Alors ça ne sera pas une entrecôte frite mais plutôt un bon court brouillon de vivaneau.

Un artiste que vous appréciez ?

J’aime l’artiste Homme Paille qui, à travers ses paroles fait passer les messages de la jeunesse antillaise qui veut évoluer tout en conservant les traditions. Ces textes s’adressent aussi bien aux jeunes qu’aux moins jeunes.

Une devise pour l’Outre-Mer ?

N’ayons pas peur de partir pour mieux revenir !

Mots-clés : Paris , Martinique , Ecole d’ingénieurs , Ingénieur , Transport , Industrie