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Samuel Galbois, conseil en politique de développement à Dubaï

Reçu à HEC et à la prestigieuse London business School, Samuel Galbois choisit cette dernière et sera la premier Réunionnais à y entrer. Il fait partie des 10% des étudiants de sa promotion à bénéficier d’une bourse de mérite pour son parcours. A l’issue de son MBA, il est sélectionné pour aller travailler à Dubaï, pour le compte d’un cabinet international reconnu parmi les leaders dans le conseil en stratégie. Sa mission, du conseil sur les politiques de développement des les émirats afin de réduire la part des revenus pétroliers dans leurs économies.

Racontez-nous vos années d’études, votre parcours professionnel ?

J’ai effectué toute mon éducation primaire et secondaire à la Réunion. C’est suite à la séparation de mes parents, lorsque j’ai eu 18 ans, que j’ai été amené à quitter l’île. J’ai poursuivi mes études supérieures en métropole et à l’étranger : d’abord à Grenoble, puis une année d’échange aux Etats-Unis avant de terminer par un master à Paris Dauphine.

J’ai ensuite ma carrière professionnelle en 2004 chez KPMG, un cabinet d’audit et de conseil. J’y suis resté près de 5 années et mes projets pour le compte de grands groupes industriels français m’ont amené à voyager dans le monde entier.

En 2009, j’ai décidé de relever un double défi : développer mes compétences managériales et valoriser mon profil à l’étranger. Je me lance alors dans la grande aventure du MBA et je suis finalement reçu à la London Business School.

Je me suis installé à Dubaï juste après avoir été diplômé et j’ai rejoint un cabinet de conseil en stratégie. Je travaille essentiellement sur des problématiques de croissance et d’efficacité opérationnelle pour des clients du secteur semi-public et du privé.

Quitter votre terre natale a-t-il été vécu comme un sacrifice, un déracinement, une nécessité ? Que vous manque-t-il le plus de votre département d’origine ?

J’ai vécu mon installation en métropole à la fois comme un déracinement et une nécessité. Déracinement car le moins qu’on puisse dire c’est que je n’étais pas du tout préparé au choc de la vie en métropole. La grisaille, le froid, les amis d’enfance qu’on laisse derrière soi, bref la solitude d’une personne arrivant en territoire inconnu. Mais au fond moi, je savais que les opportunités qui allaient se matérialiser ne me feraient pas regretter mon choix. Il a cependant fallu être patient et les premières années loin de la Réunion n’ont pas été faciles.

Quelle est votre perception de la situation socio-économique en Outre-Mer ?

L’île de la Réunion est à la fois idéalement située, au carrefour de l’Océan Indien, et incroyablement isolée. J’ai l’impression que depuis que je suis parti, les perspectives pour les jeunes diplômés ne se sont pas beaucoup améliorées : le taux de chômage est toujours très élevé. La situation sociale est explosive dans l’île comme les évènements au début de l’année 2012 l’ont démontré. J’ai été choqué de lire dans les journaux qu’un Réunionnais sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté ! Je n’ai pas de solution « miracle » à proposer mais un système de subventions conditionnées à des mesures de performance pourrait être un premier pas vers une société plus dynamique.

Votre ressenti par rapport à l’insertion et à la représentativité des domiens au niveau local, national ou international ?

Je me suis rendu compte que les domiens, bien que discrets, sont bien présents. Que ce soit à Paris, à Londres ou même aux Emirats, j’ai toujours trouvé un ultra-marin avec qui échanger. La diversité, au sens large, a fait partie intégrante de mon expérience dans les sociétés pour lesquelles j’ai travaillé. Black, blanc, beurre, d’ici ou d’ailleurs : peu importe. Pas de discrimination à l’embauche ; ce qui compte, ce sont les compétences et c’est tant mieux !

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes domiens afin de les motiver à suivre le chemin des Talents de l’Outre-Mer, notamment aux jeunes qui sont en proie à des difficultés dans nos îles ?

C’est une vraie chance pour les domiens de partir étudier en métropole ou à l’étranger. Contrairement aux idées reçues, c’est une option ouverte à toutes les bourses. J’ai moi-même bénéficié d’une aide financière du conseil général et régional lorsque j’ai fait le grand saut vers la métropole puis les États-Unis. Le fait d’être ultramarin est un plus dans le sens où, pour continuer nos études et travailler en métropole, nous devons franchir de multiples obstacles (éloignement, préjugés, etc.) qui forgent notre caractère et décuplent notre motivation. Foncez !

Comment envisagez-vous d’apporter votre contribution à la cause de la mise en valeur de la compétence ultramarine, au Réseau des talents de l’Outre-Mer ?

Je crois beaucoup au pouvoir des réseaux sociaux. En détaillant nos parcours et nos profils en ligne j’espère que nous réussirons à insuffler, en toute humilité, des nouvelles ambitions aux jeunes domiens. Avoir connaissance des parcours de ces talents et surtout pouvoir bénéficier des conseils de la part de ceux qui sont passés par là est une chance. J’espère que les jeunes domiens n’hésiteront pas à exploiter ce réseau et je serais en tout cas heureux de leur donner plus d’information sur mon propre parcours.

Quels sont vos projets ?

Difficile à dire ! J’ai encore beaucoup de chose à apprendre sur cette région. Un vent de changement souffle sur le Moyen Orient depuis le début du « printemps arabe » et Dubaï est un point idéal d’observation. Je compte bien profiter de ma position pour voyager et découvrir la culture arabe : Liban, Jordanie, Oman… La liste est quasiment sans fin ! Je compte aussi faire profiter ma fille de cette expérience : si nous restons assez longtemps dans la région, elle aura la chance d’apprendre l’anglais et arabe à l’école.

Un livre de prédilection ? Une "bible" ?

« Le Bûcher des vanités » de Tom Wolfe pour un portrait sans concessions des hypocrisies et vanités de la société.

Un film, un reportage à recommander ?

« Sugar man » un documentaire qui narre les efforts entrepris par 2 fans de musique du Cap pour retrouver leur idole, Rodriguez, un obscur artiste américain du début des années 70. Magnifique et émouvant !

Votre nourriture favorite ? Au sens propre et figuré.

Le cari poulet au chou de palmiste, sans hésitation !

Un artiste que vous appréciez ?

The XX, un groupe de rock indépendant anglais aux sonorités épurées et minimalistes. La bande son de mes 2 années passées en Angleterre.

La musique que vous aimez fredonner ?

Alain Peters « Panier si la tête, mi chanté » qui est pour moi une des plus belles chansons créole. Je la fredonne souvent à ma fille avant d’aller se coucher.

Une devise pour l’Outre-Mer ?

Vive la diversité ! La Réunion est un formidable melting-pot et y grandir nous donne incontestablement une sensibilité particulière, une ouverture aux autres cultures. C’est une vraie chance et un avantage pour s’intégrer à l’étranger.

*Questionnaire réalisé par Yola Minatchy