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Les cahiers des Talents de l’Outre-Mer

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Ryaz Daoud Aladine, ingénieur nucléaire

Ryaz Daoud Aladine est talent de l’Outre-Mer 2009. Diplômé de l’Ecole Centrale de Paris (2006), il a été ingénieur nucléaire chez AREVA. Détaché en Allemagne, il a représenté la partie française au sein d’une équipe en charge des analyses de sûreté et de dimensionnement du projet de future centrale nucléaire EPR de Flamanville 3 en construction. Il était le seul Français, donc Réunionnais de l’équipe. Ryaz travaille actuellement dans un cabinet de conseil dans le domaine du financement des infrastructures.

Votre choix professionnel actuel correspondait à une vocation ?

Absolument pas !

Racontez-nous vos années d’études, votre parcours professionnel ?

J’ai effectué mes classes préparatoires à la Réunion au Lycée Leconte de Lisle. J’ai ensuite intégré l’Ecole Centrale Paris et ai été diplômé en 2006. J’ai commencé ma carrière professionnelle chez Areva, où j’ai pu travailler sur le projet EPR Flamanville. Au sein de l’entreprise, j’ai notamment occupé un poste d’ingénieur à Erlangen, en Allemagne, durant un an, pour travailler avec l’équipe allemande sur ce même projet.

J’ai ensuite pris la décision de quitter Areva et de faire un Mastère en Finance à HEC. Je travaille actuellement dans un cabinet de conseil dans le domaine du financement des infrastructures.

Recevoir le prix talent de l’Outre-Mer a-t-il eu un effet bénéfique sur ce parcours ?

Cela est difficile à évaluer. Cependant je n’hésite pas à l’indiquer sur mon CV.

Quitter votre terre natale a-t-il été vécu comme un sacrifice, un déracinement, une nécessité ? Que vous manque-t-il le plus de votre département d’origine ?

Je ne considère pas le départ comme un sacrifice. Mon départ était « logique » puisqu’il s’agissait de poursuivre mes études en Métropole.

Il s’agit en revanche d’un déracinement, mais qui me semblait absolument nécessaire : accès à des études de haut niveau, découverte d’autres cultures, d’autres milieux, acquisition de l’autonomie et de l’indépendance, etc qui de fait élargissent l’horizon et responsabilisent l’individu.

Environ 10 ans après mon départ, ce qui manque le plus est la proximité de la famille proche et les amis qui se sont installés à la Réunion. Aussi encore et toujours la chaleur et les saveurs locales !

Quelle est votre perception de la situation socio-économique en Outre-Mer ?

Pour être franc, je suis très peu l’actualité réunionnaise. Je m’y intéresse à nouveau seulement à chaque retour à la Réunion.

Je m’interroge sur l’avenir du modèle réunionnais.

J’ai le sentiment que le développement économique dépend essentiellement des salaires versés aux fonctionnaires et du développement immobilier soutenu par des mesures fiscales attractives au niveau de la métropole. La crise oblige l’Etat à réduire ses dépenses, et ces deux moteurs de l’économie réunionnaise vont en pâtir.

Restent l’agriculture et le tourisme dont les recettes sont fragiles. J’ai le sentiment que l’île exporte globalement peu par rapport à ses importations.

J’ai quitté la Réunion depuis un moment et je ne sais pas si des développements industriels significatifs ont eu lieu, si la recherche et les incubateurs prennent une part de plus en plus importante dans l’économie, ce qui la rendraient plus autonome.

Je ne dispose pas de tous les éléments pour me faire une image bien précise de la situation économique de l’île. Je suis globalement assez pessimiste sur l’avenir économique à long terme de la Réunion, car j’ai le sentiment que le développement de notre île dépend encore beaucoup du soutien de la Métropole et de l’Europe et que contrairement aux années passées, ce soutien sera plus faible.

Concernant la situation sociale, notre richesse est clairement notre diversité. Certains débats stériles en Métropole n’ont pas lieu à la Réunion (du moins je l’espère, là encore difficile de juger quand on n’y habite plus). La solidarité familiale est encore forte à la Réunion, ceci est aussi un atout.

En revanche je m’interroge, car beaucoup de Réunionnais vivent dans la misère. Les inégalités de richesses semblent, comme partout, s’être accentuées. Aussi, est-ce que l’intégration des immigrés récents est réussie ?

Votre ressenti par rapport à l’insertion et à la représentativité des domiens au niveau local, national ou international ?

Il y en a de plus en plus, et c’est évident. Il suffit d’aller sur le site « Réunionnais du Monde » par exemple pour s’en rendre compte. J’imagine que cela est similaire pour les autres domiens.

Comment vivez-vous votre lien avec la France, la mère patrie ?

C’est lorsque l’on vit à l’étranger que l’on se rend vraiment compte de sa nationalité. C’est le sentiment que j’ai eu lorsque j’ai vécu en Allemagne. Nous sommes Français, c’est un fait. Cependant, le fait de venir de la Réunion nous donne une singularité, comme pour quelqu’un qui vient d’une région particulière en France. Il faut le faire découvrir !

Quel est votre regard sur le pays dans lequel vous vivez actuellement ?

Je vis à Paris actuellement. Notre pays semble pour l’instant avoir évité une crise profonde malgré les actualités pessimistes. Pour combien de temps encore ?

Que pensez-vous du rôle du C.A.S.O.D.O.M*, le comité parisien à l’origine de la création du prix jeune talent et talent confirmé de l’Outre-Mer et de l’impulsion de notre Réseau ?

Il s’agit d’une association intéressante, qui gagne à être développée. Il faudrait accentuer le développement pour disposer d’une vraie visibilité. Je ne suis pour l’instant pas suffisamment impliqué pour savoir comment développer efficacement le réseau des domiens.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes domiens afin de les motiver à suivre le chemin des Talents de l’Outre-Mer, notamment aux jeunes qui sont en proie à des difficultés dans nos îles ?

Curiosité, travail, motivation. Ce sont les 3 clés pour réussir, et je ne pense pas qu’il y en ait d’autres.

Comment envisagez-vous d’apporter votre contribution à la cause de la mise en valeur de la compétence ultramarine, au Réseau des talents de l’Outre-Mer ?

Je l’ignore encore. A discuter lors du brunch du 23 février ?

Pourriez-vous mettre à terme vos compétences au profit de votre île natale afin d’enrayer le phénomène de fuite des cerveaux ? En somme un "retour au pays natal" ?

Cela semble difficile à court terme. Dans le privé les niveaux de salaires et les opportunités professionnelles sont encore peu attractifs pour envisager un retour pour beaucoup de Réunionnais vivant en métropole.

Quels sont vos passions, vos loisirs ?

Comme pour beaucoup : la lecture, les voyages. La rencontre de nouvelles personnes. Pour cela, Paris offre beaucoup d’opportunités.

Un livre de prédilection ? Une "bible" ?

J’ai été impressionné par « la Vérité sur l’Affaire Harry Québert » de Joël Dicker. Il s’agit d’un roman. Comme livre de penseur, « l’Orientalisme » de Edward Saïd.

Quel geste faites-vous au quotidien afin de préserver l’environnement, de réduire votre bilan carbone ?

Pas grand-chose. Un voyage à la Réunion suffit déjà à exploser un bilan carbone raisonnable …

Un film, un reportage à recommander ?

« Algérie : autopsie d’une tragédie 1988-2000 » : documentaire d’une grande qualité.

Votre nourriture favorite ? Au sens propre et figuré.

Au propre : les plats de mon "momon " ;-) Au figuré : des livres, des livres et encore des livres.

Un artiste que vous appréciez ?

Davy Sicard

La musique que vous aimez fredonner ?

« Oté grand-mère »

Une devise pour l’Outre-Mer ?

Hmmm, je ne préfère pas tenter, je suis vraiment nul pour ça ! ;-)

*Questionnaire réalisé par Yola Minatchy