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Hommage à Raphaël Elizé, premier maire noir de France

Discours de Christiane Duval, ancienne déléguée Martinique du CASODOM, qui rend hommage à Raphaël Elizé, premier maire noir de France.

BONSOIR A TOUS,

La famille m’a demandé d’être sa voix ce soir, auprès de vous. Notre première pensée va vers Max Elizé qui a tant chéri sa Martinique, et qui s’est, pour elle, tant investi. Sa présence ce soir parmi nous est aussi forte que la vie, dans ce Palais des Congrès qu’il a rêvé, voulu, conçu et réalisé et où est honorée la mémoire de son très cher oncle Raphaël. Au nom de notre famille, un grand merci pour l’intérêt que vous avez porté à ce film. Vos applaudissements récompensent le producteur, Olivier Roncin et le réalisateur, Philippe Baron ces 2 passionnés qui, touchés par l’histoire de Raphaël Elizé, ont entrepris, en quelque sorte, de lui redonner vie.

D’autres passionnés les avaient précédés, regroupés au sein de l’association « Passé simple » de la ville de Sablé animée par M. Communeau qui lui aussi est venu jusqu’ici pour être avec nous ce soir, et que nous saluons très cordialement. A l’occasion des fêtes qui ont marqué à Sablé le cinquantenaire du débarquement de Normandie, cette association avait consacré à son ancien maire un remarquable ouvrage. « Le maire, écrivaient ils, sortait de l’ordinaire, l’homme n’était pas banal. Il méritait d’être apprécié au-delà de sa ville et de son époque ».

C’est ce à quoi la Poste s’est aussi employée en émettant au mois de Février dernier un timbre à son effigie. Au résistant, au déporté, Serge Bilé, pour sa part a consacré un chapitre de son livre qui évoque le sort des noirs dans les camps nazis… pour Raphaël, l’enfer de Buchenwald …l’un de ses compagnons de misère survivants écrivait à la famille : «  : il subit la torture sans jamais perdre sa dignité »…

La place de la mairie de Sablé, la place de l’Université au Mans portent aujourd’hui son nom. Et bientôt, vous venez de l’entendre, une rue du Lamentin ; que la municipalité en soit remerciée.

Français de couleur dans une France blanche, Raphaël Elizé avait pleinement réussi son intégration. L’espoir était donc permis d’être considéré en France, dès 1929 non suivant son origine et sa couleur mais en fonction de sa valeur personnelle et de la place occupée utilement dans la société.

Il aimait la France Républicaine qui lui avait ouvert les portes d’un grand lycée parisien et lui avait donné les moyens de réaliser sa vocation de vétérinaire. Et le boursier de couleur s’était classé major de sa promotion…

Lui si féru de poésie, aurait apprécié cette belle invocation de Senghor « Seigneur, parmi les nations blanches, place la France à la droite du père ».

Raphaël Elizé –les témoignages là-dessus sont concordants- n’était pas homme à rechercher Pour Lui les honneurs. Mais il est hors de doute qu’il aurait été heureux que ce film, que ces livres, que ce timbre, que ces places métropolitaines qui l’honorent, que cette rue qui dans sa ville de naissance, bientôt portera son nom Heureux que tous ces hommages qui lui sont rendus offrent surtout aux générations à venir, par son exemple stimulant, une bouffée d’espérance.

Les écoles collèges et lycées y sont sensibilisés

Les valeurs sur lesquelles s’est fondée la réussite de Raphaël Elizé sont en vérité universelles et intemporelles. Les qualités humaines y ont une large part.

- Confiance en soi, d’abord
- Fierté de ses origines, pleinement assumées
- Respect de la terre d’accueil
- Respect des autres
- Compétence, sachant que le talent, en quelque domaine qu’il s’exprime, s’acquiert par le travail
- Imagination et passion
- Courage, ténacité

- Et par-dessus le tout, DESIR DE SERVIR

A sa sincérité, Les habitants de Sablé ne s’étaient pas trompés . Au-delà de leur confiance, au-delà de leur respect, il avait su gagner, vous l’avez vu, le cœur des saboliens.

Nombreux soient, dans son sillage, ceux qui sauront AINSI S’imposer. Au cœur de la mondialisation, nos jeunes côtoient de plus en plus les différences, la concurrence est à large échelle. C’est l’occasion, ici, de saluer les actions diverses, tant publiques que privées mises en place depuis quelques années pour stimuler la réussite des ultramarins. Il est bien difficile de les citer toutes, mais on relève par exemple, pour la Martinique
- La bourse Alizé, et le prix de la Légion d’honneur qui récompensent les plus brillants bacheliers

- L’internat de la réussite qui offre aujourd’hui aux Candidats aux grands concours nationaux les meilleures conditions de préparation.

L’opération des Talents de l’outre Mer lancée en 2005 par le Comité d’Action Sociale en faveur des originaires des DOM en Métropole CASODOM) opération dont l’initiateur, Georges Dorion, nous fait l’amitié d’être avec nous ce soir Ici, l’objectif est triple : Récompenser les parcours les plus remarquables des domiens dans tous les domaines
-  présenter en modèle aux jeunes cette variété des types de réussite,
- Et donner, ainsi, de l’outre mer une image valorisante,
-  ET VOILA qu’aujourd’hui des jeunes domiens, les lauréats des talents de L’outre Mer, s’adaptant à leur époque, ont pris l’initiative dans un esprit de solidarité, de constituer entre eux un dynamique réseau international des compétences avec l’ambition affichée- et je cite- : « d’offrir un immense champ des possibles pour le développement de l’Outre mer, à une jeunesse qui soit la fierté de la France de demain ».
-  L’avenir est riche de promesses.
-  Que les générations montantes n’oublient pas que la réussite, comme l’a démontré Raphaël Elizé, est largement conditionnée par l’humain, et qu’elles s’imprègnent, pour oser l’excellence, de cette pensée de Nelson Mandela, que TOUT peut paraître impossible tant qu’on ne l’a pas fait.

Je vous remercie de votre attention

Palais des Congrès de Madiana 9 Janvier 2014 Christiane Mézin-Duval